DOSSIER // Vous êtes sensibles à la mode éthique et éco-responsable ? Vous voulez changer vos habitudes de consommation mais ne savez pas comment ? On a listé pour vous les bonnes pratiques à adopter lors de vos futures emplettes.
Comment lire une étiquette ?
L’étiquette d’un vêtement vous fournit plusieurs informations importantes le concernant -outre le mode de lavage, entendons-nous bien. Premièrement, elle vous indique sa composition, c’est-à-dire les matières avec lesquelles est fait le vêtement. On vous en parlait déjà ici : certaines matières, très polluantes à cultiver et à transformer, et/ou difficiles à recycler, sont à éviter. Globalement, mieux vaut privilégier les matières naturelles (ou éco-matériaux), en opposition aux matières synthétiques (nylon, polyester, etc.). Parmi les naturelles, on retrouve les fibres végétales (lin, coton, etc.) et les fibres animales (laine, soie, angora, cachemire, etc.). Moins polluantes car non issues de l’industrie des hydrocarbures, ces fibres naturelles ont tout de même un impact environnemental lié à leur production et leur transformation. Quelques détails sur les principales fibres naturelles végétales :
Les fibres naturelles végétales
- Le coton : c’est la matière la plus utilisée dans le monde, celle que l’on retrouve le plus dans nos vêtements. Les fibres sont extraites des fruits du cotonnier. Peu cher, le coton non bio est aussi très gourmand en eau. Il existe une alternative bio qui, lui, est cultivé sans engrais ni pesticides. Le coton bio se démocratise dans nos magasins, et de plus en plus de marques (notamment dites de “fast fashion”) s’y mettent.
- Le lin : ses fibres sont extraites de la tige de la plante au même nom. Léger et bien plus résistant que le coton, le lin a aussi un coût d’achat supérieur. Il est cependant moins populaire : les fibres de lin ne représentent que 0,3 % des fibres textiles produites à l’échelle mondiale. Pourtant, il est peu gourmand en eau (l’eau de pluie lui suffit) et en pesticides. Comme le coton, il existe du lin bio, garanti sans aucun ajout de produit. Et surtout, il est produit localement ! Eh oui, la France est le premier pays producteur de lin au monde.
- Le chanvre : tout comme le lin, les fibres sont extraites de la tige de la plante. Point positif, le chanvre est une plante biodégradable qui ne nécessite ni irrigation, ni traitement phytosanitaire. Elle est cependant, pour le moment, peu utilisée dans le textile.
La liste des fibres végétales est encore longue : on trouve par exemple la fibre de coco (ou coir), d’ortie, d’abaca (bananier), le latex, la jute, etc.
Les fibres naturelles végétales “alternatives”
- Le bambou : c’est le petit nouveau qui fait parler de lui. A l’instar du chanvre, le bambou n’a besoin ni d’engrais, ni de pesticides pour pousser. Sa fibre est très douce au toucher, et possède des propriétés antibactériennes. Le bambou est cependant souvent transformé en viscose (donc artificielle) avant d’être utilisé, un procédé qui nécessite une lourde transformation chimique en amont. Une plante aux propriétés intéressantes donc, mais dont il faut vérifier la transformation avant achat !
- Le Lyocell : c’est l’autre nouvelle tendance de ces dernières années. Il s’agit d’une fibre produite à partir de pâte de bois, donc entièrement biodégradable. Très doux au toucher, il a la particularité d’être infroissable, contrairement au lin par exemple. Mais ici encore, le bilan écologique est lourd. Le lyocell est une fibre de cellulose, et résulte donc d’une modification chimique.
Le choix de la fibre n’est que la première étape de la fabrication d’un vêtement. On l’a vu, certaines subissent ensuite une transformation chimique plus ou moins lourde (pour en faire de la cellulose, par exemple). Puis, le tissu va ensuite être traité. Et ce mode de traitement a lui aussi son importance. C’est ici que l’on ajoute les colorants, les produits imperméabilisants, etc. Les teintures et fixateurs de teintures utilisés lors de la coloration, par exemple, sont pour la plupart très nocifs. Ce sont eux qui sont en partie responsables de la pollution des eaux et des sols, notamment dans les pays producteurs de textiles.
>> Voir ici les chiffres de la consommation d’eau nécessaire à l’industrie textile en temps réel.
Justement, nous y venons, l’étiquette vous indique également le lieu de fabrication du produit. Enfin… de la dernière étape de sa fabrication. Car oui, on vous l’expliquait dans cet article, “Made in France” veut pas dire que le produit a été entièrement fabriqué en France. Le produit prend l’origine du pays dans lequel la dernière transformation substantielle a lieu. Donc cela ne signifie pas que tout le processus de production ait eu lieu dans l’Hexagone. De plus, les vêtements peuvent être étiquetés « fabriqué en France » même si leurs composants, les matières premières ou diverses étapes de production ont eu lieu à l’étranger. Ne vous fiez donc pas à cette simple mention. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’aucun article étiqueté “Made in France” n’est pas totalement fabriqué en France. Il faut simplement que la marque s’engage à effectuer tout son processus de fabrication dans le pays. Pour cela, n’hésitez pas à aller vérifier sur le site de cette dernière. Ce qui nous emmène à notre point suivant.
Sur quels critères juger une marque ?
Certaines marques se disent “équitables” (ou “responsables”), quand d’autres mettent en avant leur engagement écologique. Mais concrètement, la mode éthique, ça garantit quoi ?
- Équitable, ou le respect des hommes
Une marque éthique doit pouvoir fournir des garanties sur le plan humain et/ou animal. Se dire “éthique” renvoie en effet à un engagement moral et citoyen, qui consiste à promouvoir le respect des hommes engagés dans le processus de fabrication du produit. Cela concerne premièrement les conditions de travail des ouvriers textiles : salaire décent, droits des salariés respectés, etc. Plus largement, une marque éthique tend vers un partage équitable des richesses entre les différents acteurs économiques (employeurs, employés, consommateurs). En effet, le monde de la mode éthique s’inspire du fonctionnement du commerce équitable mis en place dans l’alimentation. De son côté, une marque vegan s’engagera, elle, pour le respect et le bien-être animal. Cela concerne principalement les matières utilisées. Ces dernières sont alors garanties sans fibres animales (comme la soie ou la laine), et, bien sûr, sans cuir ni aucun de ses dérivés, sans daim ni fourrure.
- Éco-responsable, ou le respect de l’environnement
Un engagement éthique implique également des efforts sur le plan environnemental, qui s’inscrivent dans une démarche globale de réduction de l’empreinte écologique. On l’a vu, selon le mode de production d’un vêtement, l’impact écologique varie énormément. Ainsi, le choix des matières et produits utilisés, l’utilisation des ressources énergétiques ou encore le traitement des déchets sont autant de facteurs à prendre en compte. Ainsi, certaines marques se tournent vers des matières recyclées, ou réutilisent des textiles de seconde main. Mais l’engagement ne s’arrête pas ici. Il s’agit d’une démarche globale : toute la chaîne de production est donc concernée, de la fabrication des vêtements à leur vente au détail. La réduction des déchets et de la facture énergétique fait aussi partie de l’engagement. On imagine mal une marque “green” distribuer des sacs plastiques à gogo, sur-emballer ses livraisons ou laisser ses enseignes éclairées la nuit, par exemple.
>> Pour aller plus loin : le livre (disponible en numérique) Éthique de la mode féminine, de Michel Dion et Mariette Julien.
A quels labels me fier ?
Si vous cherchez une marque éco-responsable, vous pouvez vous tourner vers des labels bio. Si vous cherchez une marque responsable, ce sera plutôt vers les labels d’économie solidaire, de commerce équitable ou ayant une démarche éthique claire et traçable. Le mieux étant encore de cumuler les deux !
Quelques labels pour vous y retrouver :
Les labels écologiques
- Ecocert
- Ecolabel : label européen
- Eko
- Naturtextil
- Demeter (agriculture biodynamique)
Les labels équitables
- Max Havelaar (le même label que pour l’alimentaire)
- World fair trade organisation
- Minga
Les labels écologiques et équitables
- Equitable solidaire et responsable
- Bio Équitable
- Oeko-Tex
- Global Organic Textile Standard
Attention cependant à ne pas se fier uniquement aux certifications d’un produit pour appréhender une marque dans sa globalité. Parfois, seules certaines gammes ou vêtements de la marque sont concernés. Mieux vaut se focaliser sur la démarche globale de l’entreprise avant l’achat,
Où acheter en toute confiance ?
Certaines plateformes en ligne regroupent des marques éthiques – c’est encore le plus simple si vous voulez avoir du choix. C’est le cas de Sevellia ou encore Modétic, qui répertorie 19 marques “écologiques et équitables“. Si vous cherchez un jean, le blog Mango and Salt vous propose une sélection de marques éco-responsables. Du côté des Français, on peut par exemple citer Ethosbio, Ligne Sauvage, qui propose des vêtements 100% fibres naturelles, ou encore L’Herbe Rouge.
Pour les vêtements de sport, la marque Patagonia, pionnière dans l’éthique écologique depuis 40 ans, a été l’une des premières à s’intéresser aux matériaux respectueux de l’environnement. On peut aussi citer la Française Arod, qui produit ses vêtements en Auvergne. Côté chaussures et accessoires, Consoglobe propose un top 10 des marques écologiques de souliers. Si vous cherchez plus particulièrement une marque vegan, Matt & Nat ou Wills garantissent l’utilisation de matériaux écologiques, ainsi que le respect du droit du travail international.
Vers la slow fashion
Consommer éthique et éco-responsable ne fait pas tout. L’important est aussi l’usage que vous ferez de votre vêtement après achat. Si vous achetez une pièce de qualité mais que vous la jetez au bout de quelques semaines, ne la portez jamais ou en achetez dix autres juste après, la démarche n’a pas de sens. La mode éthique est aussi synonyme de consommation responsable. C’est le crédo de la slow fashion, qui tend à consommer mieux, mais surtout moins. Réfléchissez toujours avant d’investir dans un vêtement : en ai-je vraiment besoin ? Suis-je sûr.e de l’engagement écologique et citoyen de la marque ? De même, pensez aux plateformes de vente ou de troc de vêtements d’occasion, très en vogue ces dernières années.
>> Tous nos articles sur la slow fashion sont à retrouver ici.