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Pour sauver la planète, soyons tous végétariens ?

Notre mode de consommation a un impact sur l’environnement. Cela s’applique à notre manière d’acheter, mais aussi de manger.  Et justement, l’alimentation compte pour beaucoup dans notre empreinte carbone. Or, on le sait, la production de viande et de poisson sont des industries polluantes et peu respectueuses de l’environnement. Alors, devenir végétarien peut-il être bénéfique pour la planète ?

Précisons tout d’abord que nous n’aborderons pas ici les raisons éthiques qui poussent à choisir un régime végétarien ou végétalien, liées au respect du bien-être animal. Il s’agit de considérations personnelles, qui relèvent de valeurs morales. Nous nous en tiendrons donc aux conséquences environnementales de la consommation de viande et de poisson.

Industrie de la viande : quels impacts sur l’environnement ?

Selon les chiffres de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), la consommation de viande a quadruplé depuis 1950 – ce chiffre étant bien sûr à mettre en parallèle avec l’augmentation de la population mondiale. Et une telle augmentation de la consommation a forcément des effets environnementaux. Le problème réside avant tout dans le mode de production. A l’échelle mondiale, l’industrie de la viande est responsable de 15% des émissions de gaz à effet de serre. Soit plus que toutes les émissions liées aux transports (voitures, avions, etc.) réunies. Et elle est responsable de l’utilisation massive de ressources naturelles, dont les terres agricoles et l’eau.

Pourquoi ? Premièrement, parce que les animaux, avant d’être abattus, doivent être nourris. Et aujourd’hui, 70% des terres agricoles sont utilisées pour l’alimentation du bétail en soja, blé et maïs. Or, si les besoins en élevage diminuaient, ces terres pourraient servir à la culture de céréales ou légumes pour la population. Surtout que ces terres ont un rendement faible. La fabrication de cette nourriture est également responsable des émissions de trois gaz à effet de serre : le méthane, le protoxyde d’azote et le CO2.  Ces mêmes aliments vont ensuite être ingérés, puis ruminés. Et après fermentation, les animaux émettent, eux aussi, en digérant, des gaz à effet de serre. Ainsi, 50% des émissions de protoxyde d’azote et de méthane de la planète sont dues… à la digestion des ruminants.

La production de nourriture pour le bétail est aussi responsable d’une partie des déforestations, notamment en Amérique Latine. 91 % des terres issues de la forêt amazonienne servent aujourd’hui au pâturage, ou à la production de soja pour nourrir le bétail. Enfin, pour finir, l’industrie de la viande est aussi l’une des plus gourmandes en eau. Pour produire 1 kg de viande bovine, 13 500 litres d’eau sont nécessaires. A noter cependant que ce chiffre varie selon l’espèce élevée : pour 1 kg de porc, 4 900 litres sont nécessaires, et on tombe à 4 000 litres pour la volaille. Pour comparaison, la culture du riz nécessite elle 1 400 litres par kilo, et le blé 1 200. Enfin, l’élevage de bétail est également l’un des principaux secteurs polluants de l’eau. Que ce soit les antibiotiques et hormones administrés aux animaux, ou les engrais des champs, ces substances finissent en effet bien souvent dans l’eau.

Pour aller plus loin : Quelques chiffres sur la consommation mondiale de viande.

Des chiffres à nuancer

Mais alors, ne plus consommer de viande permet-il vraiment de réduire notre empreinte carbone ? Dans les faits, oui… Et non. Tout n’est pas si simple. En fait, plusieurs facteurs rentrent en jeu. Certes, plusieurs études s’accordent à dire que l’hypercarnisme, c’est-à-dire la consommation excessive de viande, est bel et bien néfaste pour l’environnement.  Mais tout dépend de votre régime alimentaire initial, de vos habitudes de consommation, et de ce par quoi vous remplacez les produits animaliers. En effet, les études sont à prendre avec du recul. Premièrement, elles sont en grande majorité américaines, donc basées sur des données valables pour le pays. Deuxièmement, ces études se basent sur les comportements de “consommateurs types”. Une famille qui consomme du bœuf industriel quotidiennement n’a pas la même empreinte carbone qu’une personne seule, qui achète une fois par semaine un morceau de viande de la ferme d’à côté. Il est évident que consommer de la viande biologique, locale, à une fréquence faible, sera moins polluant que consommer des produits transformés en industrie et acheminés par camion.

Ensuite, nous parlons ici principalement d’élevage intensif. Mais toutes les techniques de production ne se valent pas, et n’ont pas les mêmes conséquences environnementales. Il existe en effet des fermes d’élevage raisonné, où la viande n’est pas produite en quantité industrielle, et où les agriculteurs n’ont pas recours à des engrais nocifs. Le problème actuel réside surtout dans la production industrielle de masse hors sol. Il ne faut pas oublier que dans certaines zones non cultivables, comme en montagne, la présence de bétail permet d’entretenir les prairies.

Une simple diminution de la consommation de viande – et de poisson – semble donc, pour certains, être la bonne alternative. L’Université Carnegie-Mellon a publié une étude, relayée sur le site de Vice, Munchies, qui va dans ce sens. Elle démontre qu’un régime totalement végétarien contribuerait à augmenter les émissions de gaz carbonique de 6 %, la consommation d’eau de 10 % et celle d’énergie de 38 %. Pourquoi ? Parce qu’il pousserait à la consommation excessive d’autres produits alimentaires, en compensation de la viande. En 2010, Bob Holmes écrivait ainsi, dans la revue New Scientist : “La tendance lourde semble être, à l’évidence, de consommer moins de viande, et non de cesser complètement d’en manger”.

Pour aller plus loin : L’élevage, atout ou malédiction pour le climat ? 

La surpêche : quelles conséquences sur la biodiversité ?

En 2015, les Français ont mangé en moyenne 34,5 kilos de poisson et crustacés par personne. Et cette consommation ne cesse d’augmenter au fil des ans. Or, on le sait, la biodiversité des océans s’effondre depuis une quarantaine d’années. En cause ? La surpêche, notamment, qui perturbe l’équilibre des espèces des fonds sous-marins. A ce jour, une espèce de poissons sur trois est menacée d’extinction. Dans les magasins, 9 espèces de poisson vendues sur 10 sont au bord de la surexploitation, ou surexploitées.

De même, les techniques de pêche sont aussi l’une des causes de la chute de la biodiversité marine. Les chalutiers de fond, par exemple, qui raclent les fonds marins jusqu’à 2 000 mètres de profondeur, ramassent bien plus qu’ils ne le devraient. De par leur grande taille, ils arrachent bien souvent tout ce qui est sur leur passage (coraux, végétaux, etc.), détruisant les écosystèmes. Les filets non sélectifs posent eux aussi problème : ils récupèrent, de manière involontaire, des espèces qui ne serviront pas à la consommation. Il peut s’agir d’espèces protégées, ou de poissons juvéniles, qui sont souvent rejetés en mer alors qu’ils sont déjà morts. La collecte accidentelle de ces espèces non voulues représenterait un quart des captures mondiales de poisson.

A terme, cette surexploitation pourrait entraîner la disparition totale de certaines espèces de poisson, menaçant sérieusement l’équilibre écologique et alimentaire. Car si une espèce est manquante, c’est tout l’écosystème qui en est impacté. Alors, comment mieux consommer les produits de la mer ? Rendez-vous plus bas pour quelques conseils.

Pour aller plus loin : Quelques chiffres sur la consommation mondiale de poisson.

Comment mieux consommer ?

Le régime végétarien n’est pas fait pour vous ? Si vous voulez continuer à consommer de la viande et du poisson, tout en préservant l’environnement, faites-le de manière responsable. Pour le poisson et les crustacés, avant achat, vérifiez bien que les espèces que vous achetez ne sont pas menacées ou en voie de disparition. Pour cela, Greenpeace a établi une liste rouge de poissons à ne plus consommer. Le site ConsoGlobe, de son côté, propose un Guide d’achat du poisson qui peut vous aider.

Ici encore, le mieux est évidemment d’acheter des produits de qualité, issus d’élevages qui préservent l’environnement. Pour le poisson, le label MSC (Marine Stewardship Council) garantit par exemple une production respectueuse de l’équilibre de la biodiversité. De même, on ne le sait pas toujours, mais à l’instar des fruits et légumes, il existe un calendrier des saisons pour la consommation des poissons. Pour respecter le cycle de reproduction, évitez donc d’acheter des poissons qui sont en période de ponte, ou quand les juvéniles sont petits.

On l’a vu, le mode de production d’un produit peut se révéler plus important que sa nature même. Si vous le pouvez, privilégiez toujours les aliments non transformés, issus des circuits courts, de saison, et de préférence de l’alimentation biologique. Il n’en seront que meilleurs, tant sur le plan nutritif que gustatif. Et un aliment riche en nutriments est plus nourrissant, donc permet de réduire la quantité au profit de la qualité.

On sait aussi que certaines espèces nécessitent plus de ressources pour être produites. On l’a vu, le bœuf est la viande d’élevage qui demande le plus d’eau. Mieux vaut donc, si vous choisissez de maintenir la viande dans votre régime alimentaire, favoriser d’autres viande, moins “polluantes”. Il en est de même pour les légumes : choisissez-les de saison, et de préférence, pas sur-emballés… A l’inverse, certains aliments ont un faible impact environnemental. C’est le cas par exemple des légumineuses (pois chiches, haricots, lentilles, etc.) Et, cerise sur le gâteau, elles sont (très) riches en protéines !

En conclusion ?

Certes, s’alimenter de manière responsable a souvent un coût. Mais face aux excès et à la place parfois trop importante qu’ont pris la viande et le poisson dans notre alimentation, chacun peut agir au quotidien. Diminuer sa consommation animale pour préserver l’environnement, ou du moins la raisonner, est à la portée de tous. Et si le mode de vie végétarien ne semble pas fait pour vous, vous pouvez toujours vous tourner vers le fléxitarisme. Ce régime dont on parle tant consiste à manger de la viande de manière occasionnelle, mais toujours de qualité. En d’autres termes, moins, mais mieux. Majoritairement végétarien, il permet de manger de manière diversifiée et raisonnée, tout en consommant des produits animaliers de temps en temps.

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