Après un article dédié aux conditions de fabrication de nos chaussures, nous nous intéressons aujourd’hui à la fabrication des jeans low-cost. En mars dernier, la marque low cost Lidl faisait la promotion, au Royaume-Uni, de ses jeans à moins de 7 euros. L’entreprise allemande continuait alors de s’imposer sur le marché en visant les fashion-addicts soucieux de leur budget.
Les jeans en question sont en fait des jeggins. Le label indique un « stylish denim effect ». 77% faits en coton, avec un élastique à la taille, un seul bouton et une fine braguette, deux poches avant, deux poches arrière, sans fioriture, le tout sobre et uni. C’est important de le noter : chaque détail supplémentaire entraînerait une augmentation du prix de vente.
Made in Bangladesh ©Benjamin ChauvinMagique tout de même, des jeans à un prix si bas. Comme le rapporte The Guardian, il ne s’agit pas de magie. Ce n’est pas Harry Potter qui crée ces jeans, mais bel et bien une jeune femme dans une usine du Bangladesh. Une des raisons pour laquelle ces jeans sont si peu chers, c’est justement car celle-ci ne gagne que quelques centimes en échange de son travail. La plupart des travailleurs textile au Bangladesh sont effectivement des femmes. Le salaire minimum dans le pays est de 56 euros mensuels, soit 27 centimes l’heure, huit heures par jour, six jours par semaine. C’est un cinquième des 268 euros nécessaires pour vivre un tant soit peu convenablement dans le pays, selon la Asia Floor Wage Alliance.
Fabriquer jusqu’à 33 jeans par jour
Pour bien comprendre comment cette main-d’œuvre bon marché fonctionne, il faut savoir combien de jeans par jour une usine produit. Les chiffres connus indiquent qu’en Inde, par exemple, un travailleur produit 20 jeans par jour. En Tunisie, ils en fabriquent 33. Tout dépend de la qualité et de la complexité du design. En 2010, the Institute for Global Labour and Human Rights a vu qu’au Bangladesh, une équipe de 25 travailleurs produit 250 jeans à l’heure, soit 10 par travailleur, 80 jeans au total sur la journée.
Cela veut dire que même en respectant un salaire minimum légal, chaque travailleur serait payé entre en 2 et 10 centimes pour chaque jean produit.
Usine de fabrication de jeans au Vietnam, mars 2015 ©TonDes produits qui répondent à une demande des consommateurs
Prenons maintenant l’exemple d’un tshirt polo. Selon Bloomberg, au Bangladesh, il coute 65 centimes à l’usine, auxquels elle ajoute 19 centimes de profit. Bien sûr, même en ajoutant les frais de transports, nous l’achetons pour très peu cher. Mais le travailleur n’est lui payé que 9 centimes pour le produire.
The Guardian l’admet : les temps sont durs. Les consommateurs demandent des vêtements aux prix les plus bas possibles. C’est d’ailleurs à cela que Lidl doit son succès. Ses produits sont demandés, et fabriqués à très bas coûts. La marque allemande reconnaît être consciente de sa responsabilité et dit travailler à améliorer les conditions de travail et vie des travailleurs qu’elle emploi. Lidl assure conduire des audits au sein de ses usines, mais toutes les marques le font, sans que beaucoup ne publient les résultats de ces enquêtes.
Article dans son intégralité, et en anglais, à retrouver sur The Guardian.
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