Change Your Shoes est un partenariat entre 15 organisations européennes et asiatiques qui milite pour la reconnaissance de droits du travail décents pour les travailleurs de l’industrie de la mode. Leur dernier rapport, repris notamment par le quotidien britannique The Guardian, montre la réalité des conditions de travail dans les usines de chaussures des pays de l’Europe de l’est, pour de grandes marques européennes. Et vous, savez-vous vraiment comment sont fabriquées nos chaussures ?
Savez-vous comment vos chaussures sont fabriquées ? ©Change Your Shoes campaignDes dizaines de milliers de travailleurs produisent des chaussures de grandes marques italiennes ou allemandes, gagnant parfois moins que leurs homologues chinois. L’étude de Change Your Shoes montre la dépendance de l’Europe de l’ouest à la main d’œuvre bon marché de l’Est. Zoom sur ce système productif destructeur.
En imprimant leurs chaussures de « Made in Italy » ou « Made in Germany », ces marques suggèrent une idée de top qualité quand les produits ont en fait été produits par des travailleurs sous-payés, dans des pays parfois voisins. L’investigation des chercheurs a d’ailleurs montré que les travailleurs albanais y gagneraient un peu moins de 0,60€ de l’heure, des taux bien sûr illégaux.
Écart entre salaire minimum (en bleu) et coût de la vie moyen (en rouge) ©Change Your Shoes campaignLes fabricants profitent en effet d’un vide juridique européen bien obscur. Le schéma classique est le suivant : les pièces des chaussures sont coupées en Europe de l’ouest avant d’être exportées dans un pays à main d’œuvre bon marché, où elles sont alors assemblées et cousues. Elles sont alors importées à nouveau dans le produit d’origine, détaxées. C’est ainsi que les produits finis peuvent être labellisés « made in » Italie, Allemagne…
Conditions de travail et salaires minables
Le rapport, compilé par les chercheurs de plusieurs groupes de recherche européens, se base sur des entretiens réalisés auprès de 179 travailleurs de 12 usines. L’étude condamne ce schéma de production, une impasse pour les travailleurs, les économies et entreprises nationales. Une économie que les chercheurs décrivent de « route pour les ruine économique et sociale ».
Les témoignages sont en effet frappants. D’après de très nombreux ouvriers, les conditions de travail sont terribles tout au long de l’année : étouffantes en été, glacées en hiver. Un travailleur témoigne : “Mes mains sont gelées, je tremble tout le temps, la porte du hangar est grand ouverte”. Des travailleurs qui doivent parfois être transportés à l’hôpital sur des brouettes, après s’être évanouis, travaillant toute la journée avec des produits chimiques agressifs.
Fashion victimes : même en Europe, des travailleurs textile font face à de dures conditions de travail ©Change Your Shoes
Autre exemple de ce que l’on peut facilement qualifier d’exploitation, le rapport intitulé Labour on a Shoestring assure que dans une usine Geox de Macédoine, le salaire mensuel moyen est de 131€, heures supplémentaires incluses. Dans le pays, le salaire minimum légal est pourtant de 145€, avant heures comprises. Une violation du droit du travail flagrante, quand le salaire minimum légal est déjà incroyablement bas.
“Les consommateurs doivent savoir d’où proviennent leurs chaussures”
Parmi les marques mentionnées dans le rapport, on note Zara, Geox ou encore Bata. Ce dernier n’a pas répondu directement aux accusations mais s’est dit intéressé par un tel rapport et concerné par ces problématiques des conditions de travail en Europe de l’est. L’entreprise a expliqué attendre de ses fournisseurs qu’ils se conforment aux lois polonaises, où elle fait assembler ses produits.
Au Royaume-Uni, l’association Labour Behind the Label milite pour les droits des travailleurs et a pris part au rapport de Change your Shoes. Elle explique que les consommateurs doivent savoir d’où proviennent leurs chaussures. « Cette ruse qui consiste à exporter différentes parties des chaussures vers des pays à main-d’œuvre sous-payée pour qu’elles soient assemblées, pour ensuite les faire revenir et les labéliser d’un « Made in Europe », c’est tromper le client en lui faisant croire que son achat a été fabriqué dans la dignité ». L’organisation ajoute que les consommateurs ont tendance à associer ces ateliers de misère à l’Asie, alors que cette triste réalité existe à côté de chez nous.
Change Your Shoes FR from Change your shoe campaign on Youtube.
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