FANTOME : “combat” pour le Made in France

By | 26 septembre 2016

Un recyclage auquel on n’aurait pas pensé, plutôt incongru : des chambres à air de vélo transformées en sacs, trousses de toilettes et accessoires. C’est l’idée de FANTOME, une entreprise made in France créée en 2014 qui définit parfaitement ce qu’est la mode recyclée ! BeSight s’est entretenu avec Jennie, co-créatrice de la marque. 

BeSight : En récupérant des chambres à air auprès de réparateurs de vélos, l’entreprise crée des sacs, t-shirts, accessoires à partir de ce matériau. Comment est née cette idée ?

FANTOME : Avant de créer la marque FANTOME, nous avions la volonté de monter une affaire de famille, dans laquelle chacun de nous – deux parents et deux enfants – pourrions nous reconnaître et ajouter notre grain de sel. Nous avions déjà fait l’expérience de travailler en famille dans la restauration, mais ce beau projet ne nous convenait pas totalement. Nous avons donc brainstormé quelques temps et de là nous est venu l’idée de monter une boutique proposant des articles “plutôt bons pour notre planète”. Ils seraient réalisés à partir de matériaux non nocifs, avec une démarche écoresponsable et/ou solidaire, made in France, ou encore axé sur la révolution verte….

Peu de temps après, nous avons repris une marque que nous vendions dans cette boutique, qui réalisait déjà des sacs en chambre à air de vélo. La confection était réalisée en Bulgarie. Nous avons pris le défi de la rapatrier en France et lui avons donné le nom FANTOME.

Porte-clef FANTOME fabriqué à partir de chambre à air 100% collectée en France ©Nicolas Demare/Nidimages

FANTOME est donc une entreprise familiale. Comment sont répartis les rôles ?

Mon père, Charles, s’occupe des premières et dernières étapes nécessaires à FANTOME, c’est à dire la récupération et la découpe des chambres à air, ainsi que la distribution des produits finis. Ma mère, Michèle, s’occupe de toute la confection : tout sac FANTOME est passé entre ses mains ! Quant à mon frère Steven, on lui doit toute l’identité visuelle de la marque. De mon côté, je réalise tous les prototypes et patronages, je m’occupe de la partie com et web et j’ai repris en main depuis peu la partie graphique.

Des t-shirts Origine France Garantie, en coton issu de l’agriculture biologique

Et cette conscience écologique, d’où vient-elle ?

C’est la frénésie du quotidien qui peut nous amener à ne pas faire attention à notre belle planète. Mais nous sommes tous les quatre tellement amoureux de la montagne et de l’océan que nous ne pouvions pas vivre sans considérer la nature ! Pour ce qui est de nos produits, les t-shirts sont Origine France Garantie (O.F.G), en coton issu de l’agriculture biologique. Nous travaillons sans la moindre utilisation de colle et notre logo est peu à peu gravé sur la chambre à air plutôt que d’être cousu sur une étiquette en caoutchouc. Nous réduisons ainsi notre production de matière plastique.

Comment vous procurez-vous tant de chambres à air ?!

Nous avons un partenariat avec différents réparateurs de vélos qui nous mettent les chambres à air de côté. Cela leur évite de faire des voyages à la déchetterie et ils sont souvent très heureux de participer au recyclage de “leurs” déchets. Au lieu de finir brûlées, les chambres à air continuent d’exister en accessoires de mode !

Combien en faut-il, plus ou moins, pour créer un sac de taille moyenne ?

Avec une chambre à air, nous pouvons faire un tout petit accessoire comme l’Échappé, notre porte-monnaie. Le plus grand de nos sacs, le Roulier, sac de voyage, peut demander une vingtaine de chambres ! Tout dépend des tailles et de l’état dans lequel elles sont. Nous découpons et mettons de côté toutes les parties trop abîmées pour ne garder que les plus belles et solides !

©Nicolas Demare/Nidimages

“Nous n’attendons plus de grandes idées de la part de nos dirigeants. Mais on ressent clairement que les citoyens, nous compris, souhaitent être acteurs d’un réel changement”

Et combien de temps cela requiert-il ?

C’est difficile à quantifier. Il y a beaucoup d’étapes nécessaires à tous les articles : la récolte, la découpe, le nettoyage et le tri des chambres à air. Tour ceci est inévitable et nécessite beaucoup de temps et de concentration, pour un résultat optimum ! Ensuite, les chambres à air sont assemblées les unes aux autres pour former le “tissu”. Nous pouvons à ce moment démarrer la confection.

Le made in France pour une consommation qui se veut plus locale

Que représente le made in France, pour vous ?

Il y a je trouve trop peu de fabricants faisant réellement du made in France. C’est bien dommage. J’ose imaginer qu’au fur et à mesure des années, le savoir-faire français reprendra un peu de part de marché. C’est donc presque un combat de vouloir faire du made in France ! Mais un combat humain, qui peut apporter des solutions. Nous n’attendons plus de grandes idées de la part de nos dirigeants. Mais on ressent clairement que les citoyens, souhaitent être acteurs d’un réel changement. Et cela passe souvent par la consommation plus locale.

 

 

 

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